Le Mans Pop Festival 2021

STEPHANE DERADDI

STEPHANE DERADDI

Pour aimer Stéphane Deraddi, il faut aimer l’autodérision. Vous aurez là de la chanson servie sur de jolies mélodies où les textes fins et surtout drôles vous sont livrés sans carapace. Chanson à l’ancienne qui vous parle directement à la Boris Vian, Brassens ou Bobby Lapointe. Cette légèreté permet à Deraddi, et c’est là tout le sel, de faire passer son message humaniste et écolo.

Chez lui le ridicule ne tue pas, il revivifie ! Et qu’est-ce qui pourrait finalement donner plus de force à des mots que le regard en dessous. A l’instar de Charlie Chaplin, décrire le monde du point de vue des derniers renforce la sympathie et rend les partis-pris plus implacables.

Les partis-pris justement, c’est notamment la défense de la nature mise à mal par une agriculture toujours plus artificielle et destructrice de biodiversité. C’est aussi la dénonciation des inégalités sociales toujours plus flagrantes. Mais toujours, la légèreté et l’humour empêchent aux chansons d’être sentencieuses. Toujours, sauf pour deux chansons où Stéphane Deraddi devient sérieux et on est alors ému : « Idriss » où il est question des migrants et « la vérité sort de la bouche du métro » où l’on traite de la précarité.

Dans la forme, Stéphane Deraddi chante avec esprit. Ses chansons évoluent hors des sentiers battus de la poésie. Une poésie décalée avec des mots ordinairement recalés des standards poétiques. Il réhabilite leurs vertus artistiques. Les mélodies sont simples mais elles sont belles comme un air d’accordéon diatonique et elles vous restent.

Son premier instrument fut, à la fin des années 80, l’accordéon diatonique avec lequel très vite il composa ses propres morceaux sur lesquelles il posa aussi très vite des paroles. Trop restreint par le diatonique, il se mit également à la guitare. Ainsi, il chante dans les cafés montreuillois les chansons qu’il écrit. À Paris aussi (avec notamment un passage au Limonaire).

Jusqu’à 2010, il n’a pas encore adopté son pseudonyme désopilant et chante sous son vrai nom, Stéphane Maltret. C’est alors qu’il est à l’origine d’un trio avec Francesco Semeraro (accordéon) et Giovanni Semararo (clarinette et flute) dans ce qui s’est appelé « Stéphane Deraddi et l’Orhestrina Fratelli Semeraro ».

En 2018, il quitte le salariat pour ne devenir que chanteur. Il se produit depuis en duo avec le contrebassiste Pierre Luc, en trio avec Romain Veillère à l’accordéon ou en solo. Il a notamment fait des premières de Sanseverino.

Sanseverino lui fait d’ailleurs la gentillesse de jouer sur le disque enregistré en 2021 avec une dizaine d’amis musiciens. Amis et très bons musiciens. C’est ainsi qu’est crée l’album autoproduit « cui cui » qui existe déjà mais dont la sortie officielle est prévue fin 2022.

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