Le Mans Pop Festival 2021

Nour

Nour

L’élégance des mots crus

C’est donc par ce titre que Nour vous invite à découvrir son second album. Celui qui vient quatre ans Après l’Orage (Schubert Music Publishing/Pias). Celui qui, comme son prédécesseur, est né grâce à la force qu’elle a trouvé pour se relever.
Cet album est une catharsis, Nour a pris des coups et les retourne, par ses mots, par ses chansons. Par sa force

solaire.

Et par ce titre, elle fait le lien entre le brut et l’élégant, elle dépeint une palette complète montrant toutes les couleurs qu’il peut y avoir entre le noir et le blanc.
Parce que s’il y a une chose que notre artiste déteste, c’est bien le manichéisme, les choses tranchées. Elle a su prendre du recul pour apprécier subtilité, dualité et complexité de l’être.

Cette ambivalence commence par un parcours où elle détestât tellement la manière dont on lui apprit le piano au conservatoire, qu’elle laissât tomber son instrument plusieurs années. Pour y revenir presque par nécessité, lorsqu’arrivée en France, elle dût le reprendre, pour tourner. Puis l’amour de l’instrument est venu lorsqu’elle pu le faire sien autrement, hors des cadres rigides et établis par le conservatoire, pour devenir un compagnon de route nécessaire et essentiel. L’écriture, elle, a toujours été là. Des carnets, elle en a gratté, encore et encore depuis qu’elle sait écrire.

Cet album a pris naissance en se libérant d’une période difficile, ces moments où tout s’écroule alors qu’on se pensait intouchable : « j’ai fait entrer mon oisillon dans ma maison de carton » nous dit-elle. Et si L’impulsive est le titre qui introduit ce disque, avec ce refrain éloquent : « Tellement impulsive que c’est bien moi qui tiens la chandelle que je brûle par les deux bouts » c’est bien pour nous montrer qu’il ne sert à rien de toujours jeter la pierre à Jacques, l’Enfer c’est nous-mêmes, nous sommes maîtres de notre destin. L’impulsive qui fait écho à ces

mots crus.

Peintre en humanisme, Nour se sert de ses rêves, des images qui viennent comme des flashs, des images fortes et saisissantes comme lorsqu’elle chante qu’il pleut des hommes, ou fait part avec justesse de nos ambiguïtés, de ce que nous cachons derrière ces masques que nous abhorrons, dans Poupées de plomb. L’image nous saisit et nous buvons ses paroles, chantées de cette voix profonde et vibrante, comme nous fixons une photo pour chercher les

détails.

Si la fragilité semble être le fil conducteur des dix chansons de ce disque, elle qui s’est bâtie une Maison de carton, doit apprendre à se jeter dans le Grand vide, en passant par Le ballet des hésitations, Nour montre que toutes les faiblesses peuvent être une force.

Si les expressions connues s’entremêlent, c’est qu’elle crée ce qu’elle appelle des « accidents poétiques », grâce à sa dyslexie, elle entrechoque naturellement des mots qu’on ne relierait pas rationnellement.
Cela permet à ses chansons d’avoir plusieurs degrés de lecture, et à l’auteure de se livrer avec pudeur.

C’est par ce symbolisme qu’elle permet à l’intime d’avoir une résonance universelle.
De L’impulsive au Grand vide, elle fait de ses faiblesses des chansons fortes, qui résonnent en nous, parce qu’elle n’oppose pas les hommes aux femmes, mais elle raconte l’humain par ce qui nous rassemble :

notre vulnérabilité.
Pour pousser la métaphore jusque dans ses illustrations, Nour a décidé d’utiliser fruits et légumes. Avec la complicité d’Armelle Yons, elle a mis en avant le côté sanguin de la pastèque et à l’inverse, le grand vide d’un poivron lorsqu’on le coupe en deux.

Cette histoire pourrait être d’hier ou d’aujourd’hui, ainsi, ça n’est pas une coïncidence si la pianiste s’entoure d’instruments à cordes pour ses arrangements. Du violoncelle d’Automne Lajeat, du violon de Viviane Hélary, et de la contrebasse de Thomas Benoit, enregistrés par Alexis Campet, le classique et le moderne se cognent, valse, jazz, rock … Parce que Nour ne s’impose aucun cadre.

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