BANDITMINUIT
BANDITMINUIT
Il se définit comme un rebelle un peu discret, Banditminuit. On serait tenté d’ajouter romantique aussi. Un romantique maniant la langue avec une grande finesse. Sur Minuit, son premier EP conçu pendant le premier confinement, cette langue-là, elle roule. Elle déroule et puis, tac, elle bute. S’entiche d’un autre rythme, s’arrête sur une syllabe et repart. Elle entre par effraction, Bandit. Albert Jung Masquida (c’est son nom), 25 ans, la scande et la chante.
Une voix tantôt régulière et bien en ligne, tantôt gravissant les harmonies. Tiens, on dirait Jacques Brel, avec une touche de Damso, de PNL et la légèreté d’un Jamie Cullum. Certaines et certains diront Eddy de Pretto, d’autres Alain Bashung. Les chansons de Banditminuit et cet EP s’habillent de peu : une boîte à rythmes, des teintes synthétiques, quelques accents pop et bossa nova ; une guitare, un piano et puis voilà. On va à l’essentiel quand on raconte une déception amoureuse, c’est comme ça. « Sorry Angel »…
« Être jeune aujourd’hui, c’est être un adulte. »
Banditminuit
C’est que Minuit traîne sa mélancolie, et Banditminuit, parfois dans les bars, parfois sous les lampadaires de Paname (La nuit est une femme) pour lever le mystère qui entoure les femmes.
C’est la nuit, dans le noir, et dans la vodka qu’on noie le mieux ses chagrins, paraît-il. Et cette rupture, il l’a digérée dans l’ombre. C’était cathartique. La nuit, il ne ment pas, il ride, écrit et compose. « À c’qui paraît », aussi, L’amour n’est plus à la mode mais en le rendant aussi franc, cru et presque corporel – le propre d’une nouvelle génération d’artistes qui dit la vulnérabilité et les sentiments qui la traverse –, il le réhabilite du même coup, l’amour.
Minuit, c’est l’amour, le temps, la mort. Les garçons ne se cachent plus pour pleurer et Banditminuit ne se cache de rien, sauf de l’autorité…
La fac, un BTS, le Conservatoire, chaque fois, c’était la même histoire : le côté académique l’agace, il claque la porte. Mais la musique, longtemps mise de côté par contradiction avec ses parents (sa mère est chanteuse lyrique), a fini par le rattraper. Il a pris des cours de guitare, s’est remis au chant, a continué à écrire jusqu’à ce crush, l’amour et sa dégringolade. Tout devient dès lors clair et instinctif : les mots coulent, la musique suit. Aucune méthode, juste le son et ce phrasé si particulier.
En mars 2020, Minuit est terminé puis mixé et sort le 15 octobre 2020 (auto-produit), régulièrement nourri par des versons acoustiques (La nuit je ride). Les partages s’entassent, Banditminuit fait mouche. Repéré par la Scène de Musiques Actuelles Noumatrouff à Mulhouse, il représente le Grand Est aux Inouïs du Printemps de Bourges, édition 2021.
Version courte
Chez Banditminuit, l’écriture est un couteau. Planté droit dans le cœur. À la fois rebelle, discret et romantique, Albert Jung Masquida, 25 ans, raconte sur son EP Minuit une déception amoureuse et ces quelques recoins de nuit arrosés de mélancolie. Un décor minimaliste fait de pop, de synthétique, de rap et de bossa nova, d’une boîte à rythmes, d’une guitare ou d’un piano pour porter un phrasé net et précis qui rebondit aussi vite qu’il s’étale. Sobriété et sincérité. Avec Banditminuit, désormais, on le sait : les garçons ne se cachent plus pour pleurer.
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