Le Mans Pop Festival 2021

Thibault Wolf

Thibault Wolf

Après des premières parties révélatrices dont celle des Fatals Picards ou de Christian Olivier, tête pensante des Têtes Raides, Thibault Wolf nous dévoile bientôt son nouvel EP Korzéam.

Sur la pochette de Korzéam baignée par un ciel étoilé, il scrute son propre œil qui s’élève au-dessus de lui. Comme une forme d’autoportrait, une manière de révéler la part intime de soi. Miroir de sa personnalité à double détente. Au civil : rêveuse, lunaire, en retrait.

invasion extraterrestre. Ou se réfugie dans les bois pour observer au point d’envisager de dessiner son avenir comme ornithologue. L’environnement est propice à la divagation puisqu’il grandit au confluent de la Seine et de l’Andelle, près d’un champ avec une horizon à perte de vue.

Qui se mue en détermination, lâcher-prise, affirmation dès qu’il s’empare du micro ou se met en scène dans des clips aussi conceptuels que décalés Une imagerie dans la lignée d’un Quentin Dupieux, réalisateur dont il admire le travail. Thibault Wolf joue du rock – protéiforme et qui s’autorise à fricoter avec de la pop – soutenu par des textes sagaces. Tranchantes, instinctives, traversées de questionnements et de constats, les paroles de ce trentenaire sont aussi fiévreuses que les mélodies qu’elles escortent.Avant de tomber à l’adolescence sur la guitare de sa tante nichée dans le grenier du domicile familial, il est ce petit garçon étrange qui passe son temps à construire des cabanes et des bases militaires pour anticiper une invasion extraterrestre. Ou se réfugie dans les bois pour observer au point d’envisager de dessiner son avenir comme ornithologue. L’environnement est propice à la divagation puisqu’il grandit au confluent de la Seine et de l’Andelle, près d’un champ avec une horizon à perte de vue. Une Normandie chevillée à son corps qu’il ne quittera que le temps d’une brève escapade bretonne. Biberonné au rock des sixties et des seventies, Led Zeppelin et The Doors en tête, vouant un attachement éclectique à Ange, Muse, Brel, Sum 41 ou Bashung, Thibault Wolf monte son premier groupe avec son maître de stage paysagiste Pratique d’abord amatrice, même lorsqu’il s’installe professionnellement à son propre compte et commence à tracer sa route artistique en solo. Une dualité rendue possible grâce aux aménagements horaires de son activité liée à la nature. Mais l’appel de la musique s’avère viscéral à la mi- parcours de sa vingtaine, période où il met un terme à son métier de paysagiste. Sur la pochette de Korzéam baignée par un ciel étoilé, il scrute son propre œil qui s’élève au-dessus de lui. Comme une forme d’autoportrait, une manière de révéler la part intime de soi. Miroir de sa personnalité à double détente. Au civil : rêveuse, lunaire, en retrait.

Qu’ils s’agissent de ses deux premiers EP Pour en petit quart d’heure, Double V ou de son album Flow (entendre par là Wolf à l’envers, un long format porté notamment par le morceau-slogan de la décroissance Moins de biens, plus de liens), sortis entre 2017 et 2021, cet autodidacte s’attache à faire convoler ses fantasmes son rock et son attrait concernant la chanson française pour que le verbe en ressort plus agissant. Des premières parties dont celle des Fatals Picards ou de Christian Olivier, tête pensante des Têtes Raides. Des concerts à rythme régulier, imprimant l’humeur de ce Korzéam enregistré dans les conditions du live sous la direction de Xavier Aubert (Oldelaf, Daran, Tayfa…). Une équipe renouvelée qui a pris ses quartiers au studio Opus à quelques encablures d’Honfleur, ville dans laquelle Thibault Wolf réside depuis quelques années.

En ouverture, Courage répété et martelé un tel mantra. « Courage entre sagesse et rage/Faut garder le cap/Tenir l’horizon/Courage faut bien trouver l’encrage/Creuser son sillon/Les choses et les êtres suivront… ». Une chanson qui a trouvé son impulsion dans La fièvre de Julien Doré, qui lie l’intime et l’universel. Voix à la fois fougueuse, tendue, claire. Il y aussi cette interrogation sur les intentions sociétales mêlées aux projets individuels de chacun, rythmique pied au plancher (Allez tous vous faire aimer), cette volonté de remettre en avant la ruralité tout en jouant sur une dynamique basculant vers l’absurdité (Enchanter). Il y a encore cette relecture aérienne d’une légende locale au romantisme tragique (Les amants de la colline). Il y a enfin cette déclinaison malicieuse autour du mensonge (La vérité prend l’escalier), irriguée par un refrain à l’efficacité imparable. Conscient et animé de préoccupations tournées vers l’extérieur, fédérateur et joueur dans un même élan, Thibault Wolf s’inscrit en électron libre qui ne chante pas pour passer le temps.

Suivez-nous en temps réel

#LMPF