Le Mans Pop Festival 2021

ONKIDORI

Onkidori

Si ce nom ne veut rien dire – ni en japonais ni en basque – il est un clin d’œil à l’album Hunky Dory de David Bowie sorti en 1971. Pourtant le groupe dont il s’agit ici n’est ni glam, ni rock, ni flamboyant. On y verrait même un grand écart, tant le projet en question propose en définitive une chanson pop en français. Mais c’est une parmi les nombreuses références qu’Alain Gibert imagine voir et entendre se télescoper.

Après avoir publié en tant qu’artiste solo un EP (Les Marches de l’Opéra – 2013) et deux albums (Sublime Ordinaire – 2015, Canyon Alibi – 2018) , Alain choisit alors de donner une tournure plus collective à son aventure musicale en créant un groupe. Des différentes casquettes qu’il avait l’habitude de porter, il conserve celle d’auteur-compositeur et offre celle d’interprète principale à Camille Pouget. Chanteuse issue des arts dramatiques, elle est également auteure, metteuse en scène, comédienne, musicienne et danseuse. Et c’est Fred Lafage, multi-instrumentiste, réalisateur et ingé-son qui signe l’identité sonore du projet. Il connait bien le travail d’Alain pour avoir participé à ses albums comme musicien et arrangeur. Il a par ailleurs déjà décroché 6 disques de platine par ses multiples collaborations (avec Zaz notamment).

D’une palette toute en nuances, la voix de Camille sait se faire confidente, désabusée : sur Piège Confort , titre aux accents trip-hop à la Portishead , elle met en lumière les redoutables filets du quotidien dans lesquels on se laisse prendre sans opposer de résistance. Alain y mêle une deuxième voix veloutée qui rappelle Etienne Daho . Ces entrelacements vocaux féminin/masculin participent à la signature du groupe.

Le trio se plait à manier les opposés de manière naturelle : zénith et crépuscule, gravité et légèreté, inquiétude et douceur. Comme ce thème de guitare réverbérée typée Ennio Morricone sur les accords feutrés d’un piano électrique : une tension est perceptible dans Comme une berceuse, métaphore d’un régime autoritaire émergent, annonçant les prémices d’une dystopie. Ou comment une petite musique s’insinue pour endormir nos consciences, à la manière d’une comptine pour enfants.

Entraînante et mélancolique à la fois, la virée nocturne Passer à l’orange évoque une tempête sous un crâne au moment des choix cruciaux. Autre exemple d’une pop indé ligne claire, lorgnant les années 80 avec synthés et cocotte de guitare, pas si éloigné des productions de Metronomy ou Clara Luciani .

Enfin, Île Déserte semble n’être qu’insouciance, harmonies au parfum sixties, avec en toile de fond une plage paradisiaque baignée d’un soleil insolent. Mais derrière ces apparences où dominent fun et bonnes vibrations, la chanson pointe aussi nos désillusions, jetées comme des bouteilles à la mer.

ONKIDORI nous présente ainsi son répertoire comme une carte de cocktails rafraîchissants, régulièrement doux-amers. Mélodies addictives, textes évocateurs à plusieurs niveaux, voix mêlées, influences anglo- saxonnes assumées : autant d’ingrédients auxquels on doit les grandes heures de la scène pop hexagonale.

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