Le Mans Pop Festival 2021

Appelez-moi François

Appelez-moi François

 Lofilgood… c’est ainsi que ces deux-là définissent leur musique, leur son, leurs ambitions artistiques. Bizarre, non ? Lofilgood… et pourquoi pas, après tout ? L’expression, jaillie de l’imagination débordante de Romain Lefrançois et de son « partner in crime » Olivier Le Gall, résume à merveille ce que l’on ressent à l’écoute de leur musique, à la fois minimaliste et empreinte de toute une gamme d’émotions aux couleurs pastel, déclinées avec un talent rare et d’une maturité confondante. De la musique qui fait du bien, qui vous met du bleu à l’âme et peu importe si ce bleu se teinte parfois d’un zeste de mélancolie. Alors va pour le « lofilgood feeling », une étiquette qui en vaut bien d’autres, mais qui n’explique pas entièrement le charme tenace qui émane des compositions de ce duo pas tout à fait comme les autres.

Esquissées au piano ou à la guitare par Romain, les bases des chansons, dont il écrit aussi les textes, sont ensuite retravaillées, ciselées, arrangées jusqu’à l’épure, avec la complicité d’Olivier. Le résultat, c’est une petite musique « à la voix singulière » – celle de Romain – mais qui s’ouvre sur de vastes horizons sonores, un chant/champ des possibles laissant libre court à l’imagination, tel un travelling de cinéma orchestré par Ennio Morricone.

Forts d’une solide expérience de la scène et de side projects parallèles comme musiciens ou label managers, ils se métamorphosent en sorciers du son dès lors qu’ils se retrouvent en studio. Ici, c’est une guitare cristalline dans la réverbe illuminant un « Mohamed Ali » qui vous boxe tout en douceur, là, un grain de voix qui vous accroche dès l’intro de « Happy Song », jolie love story qui débute à la caisse d’un supermarché : une poésie du quotidien qui vous va droit au cœur, des mélodies qui jouent la carte de la légèreté pour mieux vous toucher.

A la fois simples et sophistiquées, les chansons de Appelez-moi françois posent l’éternelle question : pourquoi court-on encore de nos jours après l’innocence originelle de la pop, celle des sixties, revampée aux sonorités vintage de vieilles boites à rythmes des années 1980, d’orgues Farfisa, de Mellotron post-psyché et autres joyeusetés vintage ? Quel sorte d’Eden perdu obsède ce jeune duo d’origine normande qui se distingue immédiatement par son élégance et sa façon de faire sonner ses textes sur des mélodies aux indéniables embruns d’indie british?

La réponse se cache quelque part au détour de cet EP, entre « Aurore » et « La pente », alors que se dessine un univers qui pourra évoquer à certains des territoires musicaux où les ont précédés des Mathieu Boogaerts, des Herman Düne ou des Dominique A, et dont la délicatesse n’a d’égal que l’incontestable appeal de son authenticité, là où tant d’autres utilisent toutes sortes de gimmicks dans l’air du temps pour tenter de vous séduire. Lo-fi… but so good.

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